dimanche 10 septembre 2023

FLÛTES VS. HARMONICA VS. CUIVRES - L’obtention des notes et la justesse

Je ne me rappelle plus bien comment j’ai découvert la flûte. À bec, d’abord, quand j’avais sept ans, puis traversière, quelques années plus tard, quand je suis entrée au collège et au Conservatoire Francis Poulenc du XVIe arrondissement de Paris dans la classe du merveilleux Stéphane Limonaire. Bienveillant, amoureux de son instrument et très engagé tant dans sa carrière de flûtiste à l’Opéra de Paris que dans son activité de transmission. Tout ce que je sais, c’est qu’à l’âge de quinze ans, c’était devenu naturel : jouer de la musique, pour moi, cela passait forcément par la vibration de l’air, par le souffle. Et les tentatives récentes de me mettre à d’autres types d’instruments (piano et guitare, notamment) n’ont fait que confirmer ce sentiment : s’exprimer est pour moi intimement lié avec le souffle vital, la respiration.
Les flûtes
Pour jouer juste toute la gamme chromatique, la flûte traversière occidentale « moderne » est l’aérophone parfait : dotée de clés depuis le XIXe siècle, elle permet de jouer facilement et à un volume relativement équivalent l’ensemble des notes sur trois octaves (en gros, du C4 au C8). La sonorité est uniforme sur toute la tessiture. Naturellement, il y a des tonalités où les doigtés sont plus difficiles à enchaîner, mais en théorie, tout est jouable.
Quand on se lance dans la découverte des flûtes exigeant le recours à des trous « semi-bouchés », comme la flûte à bec, et surtout les flûtes plus « folkloriques » tels que la flûte irlandaise sans clés et les flûtes orientales, on se rend compte de ce que la flûte traversière occidentale doit à Theobald Böhm. Ces derniers instruments ne permettent pas un jeu véritablement chromatique. Les Chinois assument même leur nature diatonique en en fabriquant dans toutes les tonalités. On change donc de flûte en fonction de la tonalité jouée. Quand on joue de la flûte, la hauteur est « préprogrammée » par la position des doigts des deux mains. De légères variations de hauteur sont possibles en variant le flux d’air ou, quand la flûte n’a pas de clé, en ne bouchant que partiellement certains trous, mais dans l’ensemble, il n’y a pas besoin de « penser » la note pour qu’elle soit juste.
Les harmonicas
En théorie, on retrouve cette même opposition entre l’harmonica chromatique (l’équivalent de la flûte traversière occidentale moderne de par sa tessiture comme de sa capacité à jouer dans toutes les tonalités avec un son et un volume relativement constants) et l’harmonica diatonique (l’équivalent des flûtes chinoises appelées « dizi » qui existent dans toutes les tonalités). La différence est que, depuis la découverte des techniques de jeu avancées à l’harmonica diatonique, ce dernier peut être joué de manière totalement ou partiellement chromatique, suivant le choix de l’instrumentiste (je reviendrai sur cette question dans un autre article). Dans le cas de l’harmonica chromatique, la justesse des notes dépend de l’accordage des lames, mais elle est ensuite déterminée par la place de la bouche de l’instrumentiste devant l’un des 12/14/16 trous et par le sens du flux d’air (aspiration ou expiration). Quand on joue de l’harmonica diatonique, s’ajoute la position de la langue, voire de l’ensemble de la cavité buccale, qui permet d’obtenir la moitié des notes, les notes qui ne sont pas présentes naturellement dans la construction physique de l’instrument.
Les "petits" cuivres
Et les cuivres dans tout cela ? Depuis qu’elle est dotée de piston, la trompette est bien un instrument chromatique d’une tessiture variable suivant la maîtrise de l’instrumentiste (la tessiture habituelle d’un joueur expérimenté est du F#3 au D6). Cependant, comme à chaque note ne correspond pas seulement une combinaison de pistons (seules 7 combinaisons différentes sont possibles) mais aussi la pression de l’air, la tension des lèvres et des muscles autour de la bouche (ce que l’on appelle le « masque »), il faut véritablement penser chaque note pour la jouer juste. Si la note est fausse dans la tête (par exemple, on croit que la note est un fa naturel au lieu d’un fa dièse), la note produite par le doigté du fa dièse sera entre le fa naturel et le fa dièse (et même plus proche du fa naturel que du fa dièse). Il y a donc indéniablement un travail de justesse à fournir.

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