mercredi 14 février 2024

[Trompette] Les sourdines d'entraînement (et autres sourdines permettant d'atténuer le volume sonore de la trompette)

Plus encore que la majorité des autres instruments, les cuivres sont des instruments très "physiques", exigeant une pratique quotidienne. Or, si vous vivez (au moins quelques jours par semaine) dans un logement où seuls des murs en papier (ou presque) vous séparent de vos voisins, si vous vivez dans un espace restreint ou si vous voyagez souvent, cela peut être difficile de s'entraîner régulièrement sans importuner les gens autour de soi. La bonne nouvelle est que ces instruments au volume sonore très conséquent peuvent, contrairement aux bois, voir leur son considérablement assourdi par l'utilisation de sourdines, de dispositifs placés dans le pavillon des cuivres pour atténuer la résonnance. Mais quelles sont les différentes sourdines permettant de s'entraîner sans perdre la motivation (en gardant une justesse et un niveau de contre-pression correct) et sans déranger son entourage ? Réponse en vidéo. Comme vous pourrez le voir, je conseille quatre sourdines en fonction de ce qui est prioritaire (le confort de l'entourage ou votre propre confort de jeu). Petite précision : je ne joue de la trompette que depuis 15 mois, mais il me semble que je suis tout aussi légitime qu'un(e) autre pour aborder cette problématique à laquelle tout joueur peut être confronté dès sa première semaine d'apprentissage. Malgré mon niveau de jeu encore faible, je pense avoir réussi à bien jouer de la même manière (avec le même volume sonore) à chaque prise, l'essai devrait donc être concluant.
1. La sourdine "sshh" de chez "sshhmute.com" (prix : environ 50 EUR en 2024). Pour trompette ou cornet, conçue par le trompettiste néo-zélandais Trevor Bremner, c'est le meilleur rapport qualité-prix. Facile à ranger dans un étui de trompette avec poche latérale ou avec un espace de rangement intérieur, elle est très facile à utiliser et très légère.
2. La sourdine "cup" de chez Denis Wick (prix : environ 50 EUR en 2024). C'est la plus polyvalente, mais elle amortit beaucoup moins le son que la sourdine précédente. En fait, elle amortit surtout la résonnance, ce qui peut suffire quand on ne veut pas déranger des personnes à l'étage supérieur ou inférieur d'une maison, par exemple. L'avantage quand on n'amortit pas trop le son, c'est qu'on peut encore corriger sa qualité. On entend parfaitement si le timbre est le bon ou non. Si on enlève la cup, on obtient une sourdine droite (sèche). Pas top, mais correcte. En réglant la cup un peu à mi-parcours, on obtient un son très sympa pour jouer du jazz. Bref, si on ne devait avoir qu'une sourdine, ce serait probablement celle-là qui remporterait mon suffrage.
3. La sourdine "Silent brass SB7X" de chez Yamaha (prix : environ 250 EUR en 2024). Achetée avec le système électronique développé pour l'accompagner, c'est un luxe (environ 250 EUR en 240), mais c'est une excellente sourdine d'entraînement permettant d'entendre sa sonorité dans des écouteurs et même d'envoyer dans ces derniers une piste d'accompagnement. Pour l'entourage, le son est presque aussi assourdi qu'avec la sourdine "Sshh", mais pour le joueur, c'est presque comme s'il jouait sans sourdine (la différence réside dans la contre-pression qui, sans être trop gênante, est néanmoins bien présente).
4. La sourdine "Extending tube" de chez Denis Wick (prix : environ 50 EUR en 2024). Un peu comme la "cup", mais avec un son plus "profond", très agréable à écouter. Un peu un intermédiaire entre la sourdine d'entraînement et la sourdine droite (sèche). Pour obtenir ce son, il faut ôter le tube central.
Crédits photos : toutes les photos proviennent des sites des fabricants.

lundi 9 octobre 2023

[Trompette, cornet, bugle] Premières impressions concernant mes trois "petits cuivres"

Ma curiosité me perdra (financièrement surtout) : je voulais essayer les trois petits cuivres généralement maîtrisés par les trompettistes (la trompette, le cornet et le bugle), et c'est ce que j'ai fait ces derniers mois. Voici mes premières impressions illustrées en photos et en vidéo.
1. La trompette (Yamaha YTR-2230 vernie, achat en magasin de musique, environ 500 EUR) : C'est l'instrument à partir duquel j'ai découvert les deux autres. Sa brillance éclatante ne m'est pas apparue immédiatement, car c'est par rapport à la flûte traversière un instrument aux sonorités plus profondes et dont la tessiture descend jusqu'au fa dièse en dessous de la portée de clé de sol (un demi-ton plus bas qu'une flûte alto en sol). Par rapport au "high whistle", à l'harmonica chromatique 12 trous, à la flûte traversière et à la majorité des flûtes traversières chinoises, la trompette surprend par sa puissance, mais aussi par la rondeur de son son. Tout est relatif !
2. Le cornet (Yamaha YCR-2330SIII, modèle argenté, achat "B-stock", environ 700 EUR) : J'avais comme idée préconçue qu'il s'agissait d'une petite trompette, le plus souvent pour jeunes trompettistes. Ce n'est pas du tout le cas, c'est un instrument à part entière et c'est un gros coup de coeur ! Quel instrument exceptionnel ! Pour le faire sonner au mieux, il faut le doter d'une embouchure qui ne le transforme pas en "mini-trompette" (cuvette trop peu profonde), une véritable embouchure de cornet permettant à toutes les harmoniques de sonner correctement. Naturellement, l'utilisation d'une telle embouchure n'est pas aisée pour un joueur de niveau élémentaire, mais le son est si beau qu'il entretient la motivation. Un instrument de petite taille, mais pas trop. Un son rond, mais ne manquant pas de brillance. Bref, une merveille ! Seul petit bémol : l'eau s'évacue un peu moins facilement du fait de l'enroulement plus resserré du tuyau.
3. Le bugle (Couesnon de 1910 restauré, laiton brut, modèle inconnu, achat sur Le Bon Coin, environ 350 EUR) : Je m'attendais à un instrument difficile à jouer (embouchure plus "profonde", instrument plus grand), et ce n'est pas le cas. Je m'attendais à un instrument un peu faux, et ce n'est pas le cas (l'ajustement des notes est non seulement possible mais relativement aisé). Je m'attendais à un son velouté, et oui, c'est le cas, mais il manque un tout petit peu de brillance à mon bonheur. Par moment, nous sommes plus près du son du saxophone ou des bois que du son d'un cuivre. Mais le confort de jeu est incroyable. L'instrument et léger et bien étanche, un vrai bonheur (et une très agréable surprise si on considère que l'instrument est plus que centenaire).
Pour le son, une démonstration valant toujours mieux que de grands discours, voici un morceau joué successivement avec les trois instruments :
La différence de son parle d'elle-même (et impossible pour moi de dire quel son me plaît le plus). Le cornet apparaît commme l'instrument "tous terrains", celui que je choisirais si je ne devais en choisir un seul. En revanche, j'emporterai plusieurs embouchures : une Denis Wick 4 pour la majorité des morceaux, une Denis Wick 2 pour les morceaux plus doux et une Denis Wick 3B pour les morceaux plus vifs ou exigeant plus d'endurance.
Bonus - La trompette de poche (modèle Classic Cantabile TT-500, achat d'un instrument "B-stock" + réparation : environ 170 EUR) : ce petit cuivre acquis pour m'accompagner dans mes voyages est le plus difficile à jouer. Peu d'espace pour les mains, pas de 3e coulisse pour ajuster le do dièse et le ré et des pistons qu'il a fallu faire poncer/régler chez un spécialiste pour que l'instrument soit jouables (les pistons ne remontaient pas correctement). Et pourtant, je ne regrette pas mon achat. L'instrument est vraiment petit et on peut bien travailler la flexibilité dessus avec son embouchure préférée. Avec son grand pavillon, mon modèle peut être utilisé avec une sourdine pour trompette "normale", ce qui est important quand on voyage. Par contre, bien que le son soit tout à fait acceptable, je ne m'imagine pas jouer dans un orchestre avec, c'est certain. Trop de risques de faussetés (du moins pour le moment).

jeudi 21 septembre 2023

[Harmonica diatonique] Les harmonicas de Raymond Brodur

Avoir un bon instrument, un instrument dans lequel on peut avoir confiance, c'est l'une des conditions nécessaires à un apprentissage réussi. Alors pourquoi ne pas acquérir dès le départ un harmonica Brodur en do, accordage Richter, pour bien commenceer ? Harmonicas à sommier en bois, tout en bois ou même en ivoire de mammouth, harmonica arrondis, façon Golden melody, ou rectangulaires, façon Crossover, harmonicas en ébène, bois d'amourette, citronnier de Ceylan ou autre bois précieux, tous les harmonicas Brodur - qui prennent pour base les plaques de deux modèles de chez Hohner - sont des instruments d'exception très étanches et confortables à jouer. Impossible de ne pas tomber sur leur charme ! Je vais vous en montrer quelques-uns. Si vous êtes intéressé(e), n'hésitez pas à contacter Raymond Brodur sur son site : http://www.brodur.com/ C'est un homme passionné et charmant qui se fera un plaisir de définir avec vous l'harmonica qui vous correspond le mieux. Et, si vous le souhaitez, il vous proposera un pré-réglage standard assez polyvalent.
Le Discret et le Route 66, des harmonicas aux capots métal d'origine recouverts d'une épaisse couche de laque blanche et au sommier (peigne) en cocobolo ou en ébène. C'est un modèle au son beaucoup plus rond que les harmonicas d'usine, très agréable à jouer, avec un excellent rapport qualité-prix. L'indispensable de mon sac à main !
"Série 1", harmonica à sommier arrondi façon Golden melody, mais avec des capots en bois coupés au ras des plaque, "Série 1 bis", harmonica à sommier et capots coupés au ras des plaques, mais avec un extension sur le côté droit, "Série 2", harmonica aux sommiers et capots coupés au ras des plaques (plaques de Crossover), "Top classic", harmonica à la forme similaire à celle du Golden Melody de chez Hohner (mon modèle préféré, en photo ci-après).
Deux modèles particuliers :
Le modèle "Harp Explorer" est le plus fin des harmonicas Brodur, il a été optimisé dans ce but. C'est un excellent instrument pour développer un jeu fin, riche en altérations et en overnotes.
Le modèle "Petit Diable" est précisément l'inverse : plus étroit (les capots ne dépassent pas la largeur des plaques), mais plus épais, il est optimisé pour le jeu en "tongue blocking", que ce soit pour développer un jeu "Blues" riche ou jouer de la musique traditionnelle ou folk.

dimanche 10 septembre 2023

FLÛTES VS. HARMONICA VS. CUIVRES - L’obtention des notes et la justesse

Je ne me rappelle plus bien comment j’ai découvert la flûte. À bec, d’abord, quand j’avais sept ans, puis traversière, quelques années plus tard, quand je suis entrée au collège et au Conservatoire Francis Poulenc du XVIe arrondissement de Paris dans la classe du merveilleux Stéphane Limonaire. Bienveillant, amoureux de son instrument et très engagé tant dans sa carrière de flûtiste à l’Opéra de Paris que dans son activité de transmission. Tout ce que je sais, c’est qu’à l’âge de quinze ans, c’était devenu naturel : jouer de la musique, pour moi, cela passait forcément par la vibration de l’air, par le souffle. Et les tentatives récentes de me mettre à d’autres types d’instruments (piano et guitare, notamment) n’ont fait que confirmer ce sentiment : s’exprimer est pour moi intimement lié avec le souffle vital, la respiration.
Les flûtes
Pour jouer juste toute la gamme chromatique, la flûte traversière occidentale « moderne » est l’aérophone parfait : dotée de clés depuis le XIXe siècle, elle permet de jouer facilement et à un volume relativement équivalent l’ensemble des notes sur trois octaves (en gros, du C4 au C8). La sonorité est uniforme sur toute la tessiture. Naturellement, il y a des tonalités où les doigtés sont plus difficiles à enchaîner, mais en théorie, tout est jouable.
Quand on se lance dans la découverte des flûtes exigeant le recours à des trous « semi-bouchés », comme la flûte à bec, et surtout les flûtes plus « folkloriques » tels que la flûte irlandaise sans clés et les flûtes orientales, on se rend compte de ce que la flûte traversière occidentale doit à Theobald Böhm. Ces derniers instruments ne permettent pas un jeu véritablement chromatique. Les Chinois assument même leur nature diatonique en en fabriquant dans toutes les tonalités. On change donc de flûte en fonction de la tonalité jouée. Quand on joue de la flûte, la hauteur est « préprogrammée » par la position des doigts des deux mains. De légères variations de hauteur sont possibles en variant le flux d’air ou, quand la flûte n’a pas de clé, en ne bouchant que partiellement certains trous, mais dans l’ensemble, il n’y a pas besoin de « penser » la note pour qu’elle soit juste.
Les harmonicas
En théorie, on retrouve cette même opposition entre l’harmonica chromatique (l’équivalent de la flûte traversière occidentale moderne de par sa tessiture comme de sa capacité à jouer dans toutes les tonalités avec un son et un volume relativement constants) et l’harmonica diatonique (l’équivalent des flûtes chinoises appelées « dizi » qui existent dans toutes les tonalités). La différence est que, depuis la découverte des techniques de jeu avancées à l’harmonica diatonique, ce dernier peut être joué de manière totalement ou partiellement chromatique, suivant le choix de l’instrumentiste (je reviendrai sur cette question dans un autre article). Dans le cas de l’harmonica chromatique, la justesse des notes dépend de l’accordage des lames, mais elle est ensuite déterminée par la place de la bouche de l’instrumentiste devant l’un des 12/14/16 trous et par le sens du flux d’air (aspiration ou expiration). Quand on joue de l’harmonica diatonique, s’ajoute la position de la langue, voire de l’ensemble de la cavité buccale, qui permet d’obtenir la moitié des notes, les notes qui ne sont pas présentes naturellement dans la construction physique de l’instrument.
Les "petits" cuivres
Et les cuivres dans tout cela ? Depuis qu’elle est dotée de piston, la trompette est bien un instrument chromatique d’une tessiture variable suivant la maîtrise de l’instrumentiste (la tessiture habituelle d’un joueur expérimenté est du F#3 au D6). Cependant, comme à chaque note ne correspond pas seulement une combinaison de pistons (seules 7 combinaisons différentes sont possibles) mais aussi la pression de l’air, la tension des lèvres et des muscles autour de la bouche (ce que l’on appelle le « masque »), il faut véritablement penser chaque note pour la jouer juste. Si la note est fausse dans la tête (par exemple, on croit que la note est un fa naturel au lieu d’un fa dièse), la note produite par le doigté du fa dièse sera entre le fa naturel et le fa dièse (et même plus proche du fa naturel que du fa dièse). Il y a donc indéniablement un travail de justesse à fournir.

samedi 2 septembre 2023

[Trompette, cornet, bugle] Les 12 premiers morceaux avec accompagnements libres de droits (I)

Voilà, j'ai décidé de partager avec vous mes dix premières partitions pour trompette en mettant à votre disposition aussi des accompagnements élaborés par moi-même avec l'aide du logiciel Band in a Box, et donc libres de droits. On y va tranquille, jusqu'au mi medium.
1. W. A. Mozart, "Adagio" du Concerto pour clarinette (C4-C5)
Toujours commencer à travailler un morceau que l'on aime permet de se motiver (et j'adore ce morceau) :
2. Richard Wagner, Tanhäuser (premier thème de l'Ouverture) (D4-D5)
Le premier morceau pour moi (un peu galère avec ce D "aigu" - médium en fait)...
3. Joseph Kosma, "Autumn leaves" (A3-D5)
Mon premier standard...
4. Johannes Brahms, "Lullaby" (C4-C5)
5. Henri Salvador, "Syracuse" (-C#5)
Je me le suis joué le jour de mon anniversaire :
6. Giuseppe Verdi, "La donna e mobile" ("Rigoletto") (B3-E5)
Pas toujours d'une justesse irréprochable, mais premier morceau un peu "rapide" (tout est relatif), donc fière tout de même :
à suivre...

mardi 22 août 2023

[Harmonica diatonique] Musique classique à l'harmonica diatonique - Généralités

J’ai commencé l’harmonica diatonique il y a environ sept ans parce que j’étais fascinée par le son et les capacités expressives de cet instrument, et ce dans des genres musicaux très différents. Je me suis dit que ce son incarnait très exactement ce que la musique m’inspirait et qu’il me permettrait sans aucun doute d’exprimer au plus près mes émotions. Très vite j’ai appris que ce qui me plaisait était le jeu chromatique sur l’harmonica diatonique, je me suis donc lancée dans l’apprentissage des altérations et des overnotes qui m’a occupé pendant un bon moment et qui, je suppose, sera toujours au cœur de mes préoccupations. Après m’être essayée dans de nombreux styles, j’ai eu envie d’entendre comment sonnerait la musique classique que j’aimais si elle était interprétée à l’harmonica diatonique. J’ai enchaîné les enregistrements depuis. Avant tout, un constat s’impose : l’harmonica diatonique n’est pas fait au départ pour jouer de la musique classique (ni du blues, d’ailleurs). Il a été créé au milieu du XIXe siècle pour jouer de la musique folklorique et populaire allemande au sens large. On n’a commencé à développer sur cet instrument un jeu chromatique avec altérations et overnotes que récemment, durant ce dernier demi-siècle. Aucune musique « classique » au sens strict n’a donc été composée pour l’harmonica diatonique. Certes, la composition pour un instrument précis est un concept assez récent qui ne s’est renforcé qu’au XIXe siècle. Certes, nous sommes habitués à entendre des morceaux pour voix repris au violon ou à la flûte, par exemple, mais dans ces cas, les adaptations sont jouées malgré tout par des instruments « d’orchestre », des instruments faits pour interpréter la musique classique. Jouer de la musique classique à l’harmonica diatonique passe donc dans tous les cas par une réflexion que je peux résumer en quelques points : Premièrement, techniquement, toute musique classique peut être jouée à l’harmonica diatonique, mais cela ne veut pas dire qu’il est opportun de le faire. Il faudra faire un choix : déchiffrer de très nombreux morceaux, en abandonner certains (y compris, hélas, des morceaux dont on adore la version originale). Deuxièmement, L’objectif est de mettre les capacités expressives de l’instrument, bien supérieures à celles de nombreux autres instruments à vent, au service de la musique classique. Cela passera immanquablement par une réflexion sur le choix de la tonalité de l’instrument utilisé en fonction de la tonalité du morceau (ce que les harmonicistes appellent souvent les « positions »). Il faudra aussi réfléchir à l’accordage de l’instrument (pour ma part, je n’utilise actuellement que des harmonicas accordés selon le système « Richter » ou légèrement modifiés pour obtenir un accordage lydien appelé aussi « country tuning »). Troisièmement, parmi les questions générales qui se sont posées – et que je me suis bien amusée à résoudre – il y a celle de l’accompagnement sur lequel vient se poser la mélodie jouée à l’harmonica. Est-il préférable de conserver l’accompagnement original ou d’élaborer un accompagnement modernisé ? Dans le premier cas, l’harmonica diatonique est véritablement considéré comme un instrument semblable à n’importe quel autre plus ancien. Dans le second cas, nous prenons en compte la relative modernité de l’instrument en modernisant le morceau lui-même, ce qui revient à trouver une sorte de compromis entre le morceau classique et l’instrument. Pour illustrer ce troisième point, rien de mieux qu’un exemple concret.
Je vous propose donc d’écouter un morceau très connu, l’Ave Maria de Schubert, ainsi que deux reprises à l’harmonica, composé en 1825 dans le cadre du cycle de lieder op. 62 pour voix et piano. Ecoutons d’abord la version originale chantée en allemand par la soprano américaine Barbara Bonney accompagnée par le pianiste australien Geoffrey Parsons.
Magnifique voix, magnifique musique ! Nous arrêtons notre écoute avant les reprises. Maintenant, voici ma version à l’harmonica diatonique, écourtée elle aussi, avec deux accompagnements très différents sur la même harmonisation originale de Schubert : l’un classique et l’autre plus moderne. Pour les connaisseurs, l’original est en si majeur, Barbara Bonney chante un demi-ton plus bas, donc en si bémol, et, de mon côté, j’ai choisi de jouer en sol majeur avec un harmonica en do, donc en 2e position. Cela me permet de jouer sur la première octave et d’atteindre une grande fluidité, puisque 90% des notes sont des notes aspirées. Par ailleurs, cette position met en valeur les jolis timbres des altérations aspirées enchaînées entre elles ou tenues en fin de phrase (près de la moitié des notes sont des notes altérées). Notons que le morceau peut être jouer dans d’autres positions. De mon côté, j’ai beaucoup hésité entre la 2e position – en sol avec un harmonica en do – et la 11e position – en si bémol avec un harmonica en do, – car les deux permettent de mettre en valeur toute une palette de timbres caractéristique du jeu chromatique à l’harmonica diatonique. Voici donc d’abord ma version avec l’accompagnement original au piano, tel qu’il a été composé par Schubert. Je suis accompagnée virtuellement par le pianiste britannique Paul Gardner.
Et voici maintenant la version modernisée (avec basse, guitare électrique, synthétiseurs et phrasés plus « pop » à la guitare et au piano acoustiques). J’ai élaboré cet accompagnement à l’aide de l’extraordinaire logiciel conçu par PG music : Band in a Box.
Vous aurez pu entendre qu’il s’agissait bien là de deux manières différentes d’aborder l’interprétation de la musique classique à l’harmonica diatonique. L’effet produit n’étant pas le même, l’une ou l’autre version touchera plus ou moins des auditeurs des profils différents. Dans tous les cas, le jeu en vaut la chandelle : dans certains cas, la reprise du morceau à l’harmonica diatonique permettra même aux auditeurs de réécouter ce morceau sous un angle nouveau et de l’apprécier différemment. Par la suite, je n’ai pas enregistré deux versions de chaque morceau choisi, mais ai opté pour l’une ou l’autre approche.

[Harmonica] HARMONICA D’USINE VS. HARMONICA « CUSTOM »

Au moment de choisir un harmonica, on a le choix entre deux catégories d’instruments : les harmonicas sortis d’usine (achetés auprès des marques elles-mêmes ou auprès de revendeurs) et les harmonicas « custom », donc réglés, voire personnalisés. Ces derniers se diviseront en deux sous-catégories : les harmonicas d’usine réglés et optimisés sans remplacement ou ajout de composants (les harmonicas réglés par Harmo’nickel, par exemple) et les harmonicas usinés par le "customisateur" sur la base de plaques d’usine (les harmonicas Brodur, Yonberg et Arkia, par exemple).
Quand on est un joueur de bon niveau et que l’on sait déjà régler soi-même ses harmonicas, c’est une question de goût. Certains jugeront que cela a moins d’importance, surtout quand ils jouent amplifiés et savent sculpter leur son avec des pédales d’effets et un bon ampli. Tout instrument sorti d’usine coûtant environ 30 EUR (pour les marques Hohner, Seydel et Suzuki) fera l’affaire, une fois réglé. D’autres harmonicistes choisiront malgré tout des instruments « customs », pour la beauté du son, l’étanchéité, la précision des réglages. Mais il serait faux de penser que les harmonicas customs sont « un truc de pros ». Quand on est débutant, et surtout quand on apprend à jouer altérations et overnotes, il est important d’avoir un bon instrument, un instrument dans lequel on a confiance. C’est essentiel si on est vraiment motivé et qu’on veut mettre toutes les chances de réussite de son côté : le jeu est plus facile et, par ailleurs, on sait que les difficultés viennent de notre technique et non d’éventuelles faiblesses de l’instrument. Et puisqu’il faut se mouiller un peu de temps en temps… Si je devais conseiller un bon instrument à un apprenti harmoniciste commençant à apprendre les altérations, mon choix (tout personnel) irait soit vers un harmonica d’usine optimisé par Michaël d'Harmo’nickel (Special 20, Golden melody ou Crossover de chez Hohner) soit vers un « Discret », l’un des modèles les moins coûteux de chez Raymond Brodur (Golden melody optimisé et réglé, avec sommier en ébène). (Comme à chaque fois, je ne vous livre ici que mon point de vue, fruit de mon expérience personnelle. Bien entendu, je n’ai aucun intérêt financier ou autre à recommander tel ou tel instrument.)

[Trompette] Les sourdines d'entraînement (et autres sourdines permettant d'atténuer le volume sonore de la trompette)

Plus encore que la majorité des autres instruments, les cuivres sont des instruments très "physiques", exigeant une pratique quo...